Racines

Elles se terrent, mais on les devine. Ramifiées. Robustes. Ancrées. Profondes. Elles sont là. Fermes dans leur fonction d’attache. Nourricières à plein temps, quel que soit l’heure, le jour, la saison.

Tout en discrétion et à l’abri de la lumière elles font émerger leurs œuvres. Elles participent à l’architecture du territoire. Elles embellissent notre paysage. Sans elles pas de végétal. Sans elles, pas de repaire.

Les racines. Elles alimentent le lien. Elles pourvoient à l’essence de nos besoins et assurent notre rayonnement.

J’ai été frappé par la puissance de ces fragments de paysages. Leur capacité à nous ramener à nos racines ; leur capacité à nous envahir par leur dénuement. A nous conduire vers l’absolu.

Tout est là. La pureté du noir et blanc. Le silence et le calme apparents de l’hiver.

Quand bien même nous imaginons cette nature grelotante, qui souffre des eaux froides ruisselantes sur son épiderme, des vents qui griffent ses squelettes de ses dents acérées, chemin faisant, ces racines, nos racines nous ramènent à l’essentiel.

Vêtue de ses spartiates habits hivernaux cette nature nous conduit à réfléchir sur la valeur du repli sur soi. Sur la richesse de l’apaisement. Du dépouillement. L’hiver et la nature se lient pour nous rappeler ce besoin profond que nous avons de nous arrêter. De ralentir pour un temps donné selon nos propres cycles. De souffler. De réfléchir. D’humer.

Pour lors de l’éclosion, partir et retrouver son chemin, sa route ou se diriger vers de nouveaux horizons, de nouvelles rencontres, de nouvelles expériences. Quel que soit le choix, les racines auront fait leur œuvre.